samedi 18 décembre 2010

Aguignettes et croustillons

Aujourd'hui 18 décembre, c'est la fête foraine qui arrive à Lisieux (sous la neige). Comme tous les ans, à la période la plus maussade de l'année pour la fréquenter, elle est d'abord passée par Honfleur et reste en centre ville un long mois, d'autant plus long qu'elle envahit des places de parking précieuses (gratuites).
Si cette installation suscite critiques bougonnes et protestations vaines chez les adultes n'ayant pas ou plus d'enfant à y mener, j'ai remarqué qu'un sujet récurrent fédérait un nombre certain d'entre eux : les croustillons.
A se demander si ce ne sont pas eux les rois de la fête. Et même si c'est trop gras et forcément indigeste, même si ça sent la vieille huile brûlée, les croustillons, c'est bon !

En Normandie, je découvre l'aguignette (dérivation de "au gui l'an neuf !"), petit gâteau en pâte feuilletée traditionnel qui se déguste en décembre.
Je m'aventure dans le Robert en cinq volumes et elle y figure :
"Folklore. Rite social par lequel les enfants, avant le Nouvel An, vont solliciter des cadeaux, de l'argent en chantant des chansons appropriées de porte en porte."
Et gare à ceux qui ne donnent pas ! Ca ne ressemblerait pas un peu à Halloween, par hasard ?


Aguignettes, c'est le titre gourmand d'un recueil de poésies de René Girardeau, tout juste arrivé dans notre fonds (Norm 1645), dont je vous livre certaines Strophes pour un manège, qui bercent le poème : C'est la fête place Saint-Marc.

C'est la fête place Saint-Marc,
La fête foraine qui tangue.
Les femmes au teint de homard,
Les gosses aux visages exsangues,

La fête foraine qui tangue
Les a prises dans ses remous,
Les gosses aux visages exsangues,
Les grosses femmes aux seins mous ;
...

C'est un manège minuscule
Qui rassemble tous les mignards
Et l'orgue grince, ridicule,
Des vieux airs aux refrains criards.

Qui rassemble tous les mignards,
Ceux de Saint-Maclou qui rigolent
Des vieux airs aux refrains criards
Lorsque les dadas caracolent.

Ceux de Saint-Maclou qui rigolent
En tournoyant pour leurs dix sous
Lorsque les dadas caracolent
"Aïe ! Hue !" on croirait qu'ils sont saouls.

En tournoyant pour leurs dix sous
Les mômes appellent les filles.
"Aïe ! Hue !" on croirait qu'ils sont saouls,
Ils poussent des cris de gorilles.

Les mômes appellent les filles,
Les mots partent, inattendus,
Ils poussent des cris de gorilles
Afin d'être mieux entendus.

Les mots partent, inattendus.
Pas un d'eux qui ne rebondisse !
Afin d'être mieux entendus
Les mots vont narguer la police.
...

Mais il n'est jour qui ne s'achève,
Comme il est de règle, au bistro.
Dans le corps on n'a plus de sève
Alors qu'on n'en a jamais trop.

Comme il est de règle, au bistro !
Faut que le commerce profite
Et comme il n'en a jamais trop
On se rassemble et l'on s'invite.

Faut que le commerce profite !
Avant de se rendre au plumart
On se rassemble et l'on s'invite.
C'est la fête place Saint-Marc.

Un sachet de croustillons offert à celui/celle qui dégottera le nom de la figure de style consistant à reprendre les deuxième et quatrième vers d'un quatrain pour les placer en première et troisième places du suivant !


Illustration : La fête foraine de Jean Montemont - Gouache sur papier. 1946




2 commentaires:

lesmotspourledire@laposte.net a dit…

Un pantoum?

Quelle jolie acquisition, j'aimerais le même dans ma bibliothèque!

VK

PHILIPPE a dit…

Je suis heureux de votre acquisition et heureux que ce livre vous plaise...Mon père avait écrit aussi "les Fumets de l'âtre" qui n'est pas mal non plus.
Merci
Philippe Girardeau