vendredi 10 octobre 2008

Sans titre ou Scènes de la vie ordinaire en couleurs saturées

Au début de cette année, le centre de photographie de Lectoure, charmante ville du Gers labellisée ville d'art et d'histoire, a accueilli une exposition consacrée aux oeuvres photographiques de William Eggleston intitulée 'L'oeil démocratique'.



William Eggleston est un photographe américain né à Memphis, Tennessee, dans le sud des Etats-Unis où il vit toujours.
Du jour où il a expérimenté la pellicule couleur, il ne l'a plus quittée ou si peu.
Au point que depuis 1976 son nom est irrémédiablement associé à la photographie couleur contemporaine.
De plus, il utilise une technique particulière de tirage pour ses photographies, le dye transfert ou le transfert de colorant.
Je n'entre pas dans les détails de la technique mais si ce procédé n'est pas bon marché, il offre à ses photos une merveilleuse saturation des couleurs, des teintes sensuelles et une fidélité de reproduction supérieure y compris dans le temps.
Jugez-vous même du résultat sur le site qui lui est officiellement consacré.



Jusque ici, je n'ai vu ces photographies qu'en reproduction papier dans de très beaux livres, il est vrai, mais beaucoup m'ont laissée songeuse.
Il y a quelques semaines, Arte TV a diffusé un documentaire sur la vie et l'oeuvre de William Eggleston.
C'est un réel plaisir d'entendre l'artiste commenter le choix de ses cadrages, indiquer les pistes de lecture, les lignes de fuite, les oppositions et jeux entre les structures, les architectures, les textures.



C'est également un bonheur de voir l'homme, toujours élégamment vêtu et chapeauté, se déplacer dans les rues de sa ville ou se faire accompagner en voiture, sortir son Leica et prendre un seul cliché, toujours un seul et unique par sujet.


Parce que ces photos ont toutes un thème récurrent : les scènes de la vie ordinaire.
William Eggleston a commencé par photographier son entourage, ses proches, sa maison puis il a agrandi son cercle. Photographie après photographie, il a butiné dans tous les pays de la vieille Europe à l'extrême Orient en passant par l'Afrique :
Les gens, les proches, les boutiques, les rues sales, les Cadillac, les panneaux de signalisation, les cannettes abandonnées, les bords de route, les tas de ferraille, les maisons, les chiens, la vie urbaine, la vie rurale et dans tout cela un extraordinaire don de l'observation qui vous laisse un peu plus perplexe qu'avant.
A-t-on devant les yeux un instantané banal de notre quotidien ou l'essence captée de notre environnement y compris dans son malaise, son délabrement, son hostilité ?

°-°-°-°-°

Le quotidien parfois si laid, le réel tout cru ne serait-il une oeuvre d'art qu'aux yeux de ceux qui savent le regarder ?
A méditer...

Au printemps prochain, la Fondation Cartier pour l'art contemporain, dépositaire d'une partie des clichés de William Eggleston à Paris, exposera les photographies qu'elle lui a commandité sur le thème de Paris justement. D'ores et déjà, des expositions de ses travaux sont prévues jusqu'en 2011 à Los Angeles!

William Eggleston ne donne pas souvent de titre à ses photographies, beaucoup sont répertoriées comme 'Untitled' (Sans titre)
Sans titre - extrait du portfolio 'Los Alamos' - 2002

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