jeudi 24 avril 2014

telier d'écriture du 24 avril 2014

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Photographies in http://musee-de-normandie.caen.fr Gustave Gain Photographe
Deux sujets d’écriture :
1. Choisir une des 3 photos proposées par Annie. La décrire.Ecrire une histoire dessus.
2. Annie nous fait choisir un bonbon dans une corbeille remplie des bonbons de notre enfance.Ecrire ce que cela nous rappelle, le goût, la texture, l’odeur, avant de le goûter. Puis trouver un slogan sur ce bonbon.

Mer. Marée basse. Rochers. Tons gris et beige. Peu de couleurs. Trois femmes. Une verte, une rouge une blanche. Des chaussures de golf marron et blanc. Des petits pieds chaussés de blanc. Des chapeaux. Des gants, blancs eux aussi. Le décor prend les ¾ de la surface de la photo. Les personnages sont excentrés dans le coin, en haut, à droite. Mais on ne voit qu’elles. Il fait gris. Ca sent la marée. On entend les vagues plus loin. On a chaud. Mais on a toujours chaud vu la façon dont on est habillé.

Pfff ! Qu’est-ce que je fais là ? Il faut poser 3 mn pour prendre la photo. 3 mn ! J’ai passé l’âge. Et puis tout le monde me regarde. Mes deux pimbêches de belles-filles, la rouge et la verte, qui font semblant de s’inquiéter pour moi. Tu parles ! Si je pouvais glisser sur un des rochers … L’héritage arriverait plus vite.
Et puis vous, tous, dans l’auditorium de la médiathèque lexovienne.
Les romantico-nostalgiques s’extasient sur le « chic » de nos robes, le vif des couleurs, la classe des chapeaux. On voit bien qu’ils n’ont jamais été à Deauville avec de tels accoutrements. Qu’ils essayent et, moi, je regarde. Et je m’esclaffe !
Les critiques examinent la photo. Et … critiquent. « Ah le chapeau de la vieille. Une vraie tarte à la crème. Même la reine d’Angleterre n’en voudrait pas ! » « Et puis la rouge. T’as vu ses chaussures ? Ca ne va pas avec sa tenue » (Là, je suis d’accord. Ma belle-fille rouge ne sait pas s’habiller) « Et puis la verte. Elle a une espèce de voile à son chapeau. On dirait un chapeau d’amazone. A la mer, c’est nul ! » (Là c’est vous qui êtes nul. Un chapeau d’amazone est toujours sombre et … haut !)
Les scientifiques se posent des questions. « Comment sont-elles arrivées là, dans ces tenues ? Parachutées ? » (Bougre d’âne, les parachutes n’existent pas encore !) « Est-ce marée montante ou descendante ? » (Ça change quoi au problème ?)
L
Il fait très beau. C’est le printemps, le joli bouquet de pivoines en témoigne. Tout le paysage semble noyé dans la verdure.
Le petit garçon, studieux, assis à son bureau d’écolier, arbore une mine boudeuse. Comment être de bonne humeur, alors que vous devez étudier par un si beau jour, et que la nature vous tend les bras aussi généreusement ? La grille de la terrasse, en fer forgé solide et inaltérable l’empêche de se sauver. Ceux qui l’on contraint savaient très bien ce qu’ils faisaient.
Tout le distrayait et l’empêchait de se concentrer sur ses devoirs : Le murmure de la rivière en contrebas, le doux chant des oiseaux. Il montait du parterre fleuri qui entourait la maison une odeur puissante d’herbe coupée. Des exhalaisons de lilas et de giroflées aux couleurs écarlates venaient s’y mêler. Le soleil dardait ses premiers rayons et une brise marine caressait le visage de l’enfant. Son petit caniche, couché au pied du marronnier attendait impatiemment son jeune maître pour une partie effrénée de ballon. Il gémissait par instants interloqué par cet immobilisme inhabituel. Les balles gisaient au sol, tels des oiseaux abattus en plein vol. La marionnette couchée elle aussi, inerte ne rêvait que d’une chose : rejoindre Gepetto pour une sarabande endiablée.
Alors le petit garçon prit une initiative : Puisqu’on l’obligeait à rester assis, là pendant des heures, non il ne ferait pas les exercices de calcul et la rédaction imposés, c’est décidé il fera la sieste. Na !
AM
008b9d195af9d93346932afb8f3aa323 359x500Trois beautés début de siècle à la plage.
Trois beautés, habillées long et portant chapeau, sont adossées aux rochers, face au vent du large.
Les trois femmes, assez proches l’une de l’autre sur la photo, réunies sur ce petit promontoire rocheux au-dessus d’une vase molle, prennent la pose le temps d’une marée basse. Leur reflet se devine vaguement dans les plis humides, les vaguelettes sableuses laissées par l’eau retirée. En arrière-plan, flou, imprécis, se devinent la plage déserte et un ciel presque aussi pâle et gris que le sable mouillé.
Les trois belles arborent des tenues d’une autre époque, néanmoins près du corps et de couleurs gaies. Veste de maille orangée cintrée, rebord discret de même teinte sur le chapeau, pour la première beauté debout. Elle s’appuie d’un air distrait sur son parapluie refermé. La pointe de sa chaussure bicolore, blanche et marron, apparaît. Elle se tourne vers ses camarades. La seconde beauté, tout de vert vêtue, assise de profil sur son bloc de granite beige regarde l’horizon. Sa veste à pans est d’un vert émeraude qui pourrait, dans une autre saison et sous d’autres cieux, rivaliser avec la couleur de l’Atlantique. La troisième et dernière grâce enfin, de cette trilogie comme sculptée dans la roche du rivage, assise sur un cube arénique, frôle, gantée de blanc, les cristaux de quartz en perdition. Immobile dans sa robe de coton aussi blanche que ses gants, le visage protégé d’un chapeau à plis, elle semble fixer l’horizon pâle.
Le temps s’est figé, le vent ne souffle plus, les vagues arrêtent leur mouvement incessant, les couleurs sont captées dans le cadrage vertical du photographe.
Albertine se tourne vers l’artiste protégé par un drap noir, camouflé derrière l’orifice d’une chambre noire.
« Eh Marcel, faudrait voir à te dépêcher un peu, j’ai une crampe au pied ! »
La voilà qui remue intempestivement son parapluie bleu pâle assorti à la couleur du ciel, et agite la pointe de son mignon soulier. «  En plus, j’mouille mes bottines de cuir, Tante Germaine va m’engueuler si je les lui fiche en l’air ».
Marcel, patient, recadre la jeunesse.
« Encore une ou deux prises, les filles, c’est bientôt la bonne, je le sens ».
« Mais ça fait une heure qu’on se les gèle et y’a rien à voir ici, même les mouettes ont foutu le camp ! » s’exclame Thérèse, la beauté vert émeraude, en tournant si violemment la tête vers le photographe que le long ruban du chapeau gifle sa camarade de gauche.
« Oh, s’énerve Marthe, la belle blanche, tu pourrais faire attention quand même ! Tu as froissé mon chapeau ! »
« Ton chapeau ? Lui répond amusée Albertine, tu veux sans doute parler de ce morceau de drap chiffonné en forme d’abat-jour qui te fait office de couvre-chef ? »
« Ne critique pas la création de ma mère, rétorque Marthe, d’un air pincé. Et oui, elle a sacrifié un vieux bout de rideau de l’ancien salon, si tu veux savoir. »
« Quand on a pas les moyens, on fait pas sa cocotte » rajoute pesamment Thérèse.
« Oh les filles, on se calme, là, je vais jamais y arriver, sinon ! Aller, un effort, c’est presque fini ! »
«  On me reprendra à vouloir arranger les fins de mois » grommelle Marthe, boudeuse, tournée vers le noble horizon.
«  Et moi à jouer les starlettes sur les plages de Bretagne en novembre » complète Albertine, penchée vers les deux autres.
« Et nous toutes à rêver d’une première page de magasine avec cet amateur qui ne sait pas ce qu’il veut ! » termine Thérèse, relevant élégamment le menton vers l’Atlantique.
« Clic »
Voilà ! Super ! Ça y est !! S’exclame Marcel, content de lui. Vous voilà fixées pour la postérité mes chéries !
Ce sera sans hésitation le nounours de guimauve. Je le tiens dans ma main et renifle l’odeur familière. Une odeur pas si ancienne que ça vu que ma fille adore elle aussi ces nounours et m’en fait acheter régulièrement. Nous engloutissons alors toutes les deux le paquet entier dans la voiture, sans pouvoir nous arrêter, jusqu’à l’écœurement, avant même d’arriver à la maison. Le chocolat commence à fondre dans ma main. Un dernier regard, une dernière palpation de la substance qui ramollit à vue d’œil, un dernier reniflage en trois brèves inspirations et hop, voilà la moitié postérieure du nounours coupée par mes incisives voraces, mâchée par ma bouche affamée en cette fin de matinée d’écriture et engloutie par mon estomac agité. Appareil digestif animé des gestes du boulanger, ou peut-être du pâtissier, prêt à pétrir la pâte de guimauve molle de mon enfance.
Slogan :
Sauvez les ours bruns, mangez les oursons de guimauve !
Pour chaque paquet acheté, 5 centimes reversés au WWF.
I
1 - g. gain  pierre gain vers 1910 arch. dp. conseil gnral de la manche inv. 89 num 281 0 500x359
IL FAIT BEAU DEHORS !
Il fait beau dehors mais c'est sombre dans la pièce. Petit Pierre est triste. Il se retrouve enfermé dans une chambre, et il est obligé de faire ses devoirs.
« Je suis dans une prison, se dit Petit Pierre, j'ai envie de pleurer, toute le monde joue dehors même mes copains ! Moi, je ne peux pas, je suis obligé d'apprendre mes leçons ! Mon ballon et mon doudou aimeraient bien jouer dehors.
Pourquoi les adultes sont si sévères ? Comme ils ont de la chance, les oiseaux dans les arbres ! Ils sont libres eux ! je les entends chanter et moi j'ai envie de crier. Je n'ai pas envie d'apprendre ! A quoi ça sert de connaître plein de choses, si on est enfermé dans sa chambre ! Je voudrais m'envoler, partir avec les oiseaux et ne plus être derrière des grilles ! Je sens que doudou va s'échapper, il va passer entre les barreaux et sauter ! Si je pouvais être tout petit comme lui, ce serait super ! Mais moi aussi, dans ma tête, je vais partir, sauter par- dessus la grille. C'est super de se promener dans sa tête, on peut tout faire même une cabane dans les arbres !!! »

SLOGAN du BONBON

Un carambar, c'est trop tard !

J'ai passé l'âge, c'est dommage !

Ça colle aux dents, c'est agaçant !

Mais une sucette, c'est super chouette !!

J
Extérieur ensoleillé Pièce sombre  L’enfant entre les deux Replié sur lui-même Ses jouets sur le sol  Il est mécontent Grille de porte fenêtre Enfermement
Et zut ! J’avais proposé à benjamin d’aller au bord du ruisseau, pour construire un moulin qui tourne tout seul, entrainé par le courant. Et voilà…Au moment de sortir (pourtant, je ne faisais pas de bruit et j’essayais de passer inaperçu) maman m’a rappelé pour faire ma page de devoir de vacances ! D’abord, les devoirs… c’est pas les vacances ! et puis ce matin il y a un exercice de math et j’aime pas les maths ! C’est toujours pareil… quand le prof explique je comprends et après, devant l’énoncé je ne sais plus. Alors voilà…dehors il fait un grand soleil, il y a plein d’insectes qui tournent dans les arbres ou qui butinent les fleurs du jardin. Même qu’un papillon est venu sur les roses du bouquet près de moi, tout à l’heure…mais moi, je suis là, cloué sur ma chaise devant ce problème auquel je ne comprends rien. Quand est-ce que les grandes personnes comprendront que les vacances c’est pas fait pour les devoirs de math !

Les bonbons de mon enfance
J'avais 4ans1/2 et pourtant tout est très net dans mon souvenir, comme ces images que l'on garde en soi et qui réapparaissent de temps en temps et vous comblent de joie. Il fait grand beau temps... Contrairement à l'habitude, tous les enfants et les éducatrices sont sortis devant le grand portail de l'établissement. Je ne comprends pas très bien ce qui se passe, mais il flotte un air de fête, les visages sont rayonnants, une sorte d'exaltation anime notre petite foule. Des soldats sont arrivés sur leurs tanks et leurs jeeps. Ils se sont arrêtés devant notre grande maison. Ils sont différents de ceux que nous avions l'habitude de voir ces derniers temps. Nous les acclamons, leur faisons des signes. Ils nous prennent dans leurs bras... Nous donnent des bonbons, des chocolats... Il y a bien lontemps que nous n'en avons vus ni goûtés. Soudain, juste derrière moi, une petite voix: "Il ,ne faut pas les manger....Ils sont empoisonnés!". Les années ont passé, pourtant je l'entends encore cette voix. Oui, la consigne avait été donnée, mais la réalité alors, était toute autre et les bonbons que nous savourions ce jour-là avaient un goût de liberté.
M
Sur cette plage, au ciel occultant le soleil
Absent, dansant, avec ses habits de lumière
Derrière ces nuages pacifiant ces rayons,
Au-dessus d’une mer, à l’épreuve des marées
Je promène mon chien dans la quiétude du matin.
Devant ce spectacle d’une mer immense
Où mes émotions fortes sont intenses avec
Ces femmes, leurs enfants réunis
Sur le sable martelé par le pas des estivants
Remplissant de leurs voix l’espace maritime
Laissant à leurs enfants, des instants intimes
A la construction de châteaux de sable
Là, où le sol est mouvant et instable
Où l’atmosphère est plus serein
Que la mer, en d’autres temps, en rage
Contre ces rocs et ces rochers ; eux
Qui ne lâchent pas prise
Face à l’affront des marrées tumultueuses
M
Vacances à la plage
Peut-être en Bretagne ou en Normandie ? C’est un matin brumeux, le ciel est couvert, la marée descendante, le sable humide encore. Le doux ressac de la mer incite à la rêverie. C’est la belle époque et ces trois jeunes bourgeoises n’ont rien d’autre à faire que de se promener et bavarder. Sans doute, elles sont venues prendre « les bains de mer ». Elles ont revêtu leurs élégantes tenues qui cachent leurs bras et leurs jambes et arborent des chapeaux si travaillés qu’on les croirait plutôt dans un salon. Il n’y a pas un poil de vent- sinon les chapeaux s’envoleraient. L’une d’elle tient un parapluie. Est-ce la plus précautionneuse ? Elle semble mener le dialogue et m’apparaît la plus émancipée avec son gilet sport de couleur vive, son petit bonnet rond- précurseur du bob ? Elles ont osé se percher sur des rochers de granit et devisent en scrutant l’horizon. Attendent-elles un bateau ? Regardent-elles une course de régates ? Pauvres dames empêtrées dans leurs beaux atours ! Dans un siècle ces trois grâces seront remplacées par trois naïades aux seins nus vêtus- si l’on peut dire- d’un très petit string, lovées sur cette plage pour profiter de l’air au maximum, sentir la caresse des embruns sur leur peau nue. Elles me font sourire dans leurs vêtements chics. Elles admirent sur la mer un marin, un navigateur mais assurément pas une grande sportive sur une planche à voile !
E
Seul, pensif, l’air dubitatif devant un devoir ou une lecture. Il s’y tient assis sur une chaise en bois avec autour de lui un bouquet de fleurs, deux petits ballons, et une marionnette désarticulée. A travers les fers forgés du balcon ensoleillé on y entrevoit un chemin entouré de divers arbres bien feuillus. Au-delà de ses deux portes fenêtres entrouvertes sur le bien-être de ce balcon, le garçonnet d’à peu près dix ans semble plus s’instruire que subir. Tiens, un portable sonne ! ça ne peut être pour moi ! Période d’été, arbre bien fourni, soleil sur la terrasse. Habit de l’enfant des années 20/30. Grande porte fenêtre, parquet au sol. Balcon fer forgé, petite table bois, chaise d’écolier et jouets des mêmes années. On peut s’imaginer un jardin dont les roses du vase en auraient été cueillies.
Le Bonbon Poème slogan STOMAE
Quand il fond dans ta bouche
C’est pas sous la douche
Quand il s’accroche aux dents
C’est qu’il est très fondant
Quand il repassera par là
C’est qu’il t’a fait chocolat
Alors ! On l’a guimauve
On la guimauve
P
L’enfant assis sagement sur un balcon
J’ai immédiatement choisi cette photo montrant une porte-fenêtre ouverte sur la nature en hauteur avec ce petit garçon en pleine réflexion métaphysico-philosophique. Sa concentration force l’admiration. Un tel contrôle de l’esprit et du corps à son âge. Aurait-on affaire à un Einstein du bouddhisme. Où, il y a bien une deuxième hypothèse qui m’apparaît soudainement : ce petit garçon est puni et copie des lignes et doit écrire vingt fois « je ne dois pas tirer dans les fenêtres avec mon ballon ». En observant mieux la photo, une troisième hypothèse me vient : il a choisi lui-même de lire tranquillement avec une maturité que je suppose avoir eu à son âge puisque je lui prête cette pensée. Et là nous avons affaire à un Mozart littéraire. En tous les cas, tout respire liberté, curiosité, calme avec une atmosphère de maturité et d’équilibre. Et quand je deviens ce petit garçon, tout devient clair, je suis la première hypothèse et devient le Einstein du bouddhisme avec quand même, en toute humilité, une forte influence de la troisième hypothèse, un talent littéraire (flagrant dans cette démonstration scripturale) canalisée par la sérénité de mon esprit bouddhique. Mais si j’étais vraiment sincère, je vous avouerais que la deuxième hypothèse est la plus vraisemblable pour la simple raison que j’adore jouer au ballon.
P
Aucun doute c’est dimanche. Les enfants s’ennuient le dimanche, le dimanche les enfants s’ennuient. Enfin, c’est ce que dit le papy. Il a raison. Maintenant on a des machines, il suffit de les chatouiller elles pensent pour nous et nous mènent partout même si ça nous laisse froid. Surtout au pôle nord par exemple. Il y a encore quelques animaux. Ils sont souvent très couverts, comme moi. Pourtant c’est l’été, avec des bestiaux qui grave, des abeilles qui n’arrêtent pas de faire le marché. Comme maman. En général, elle vrombit pas, elle cause. Surtout, mais pas longtemps quand elle me punit en me recommandant de rester ici, sans de près ou de loin le moindre camarade à moi. Il doit y avoir une raison. Pas d’erreur seulement l’horreur que j’ai oublié. J’ai l’air d’être en courant d’air. Mais il n’y en a pas. On ne le voit pas courir sauf l’automne avec les feuilles. La barrière en ferraille toute tordue ne prête pas à rire, quoique si je voulais, hein, même à travers. Je suis long et mince, c’est ce qu’on dit au basket. J’ai demandé à Maman d’avoir près de moi mon ballon. Je m’entraine avec. Je vise un petit bassin à poisson rouge à droite. L’autre c’est une boule de pétanque. Je m’ai trompé, j’aurai pas du. Un poisson rond et dur est devenu plat. Les autres ont suivi l’eau mais pas loin. Maman aimait ses petits animaux. C’est pourquoi, elle m’a vissé là, habillé en dimanche avec les deux boules pour m’apprendre. Mais la jambe de bois du jardinier je ne vois pas le rapport et le bouquet de fleur non plus. Ça me fait penser on avait un cuisinier qui aimait les saucisses, mais les mangeait par six c’est ce qui l’épuisait on a dit que l’abas tue l’abattu. Il avait un frère cuisinier aussi il riait au théâtre, mais ne voulait pas y jouer, il préférait son âtre. On lui disait casserole et poil toi vivement demain.
B
Une double fenêtre ouverte sur un balcon on est fin mai, des roses ou des pivoines dans un vase en verre posé sur la droite du balcon sur le bas droit de l’ouverture de la fenêtre le balcon est peu profond, 1m50 juste l’espace pour une petite table d’enfant à usage de pupitre. Les pieds de la table sont cannelés elle est verte d’un vert proche de la couleur des feuilles des arbres que l’on aperçoit au-delà du balcon vert printanier tendre. Il y a une rambarde très ouvragée et très haute art-déco avec un centre où figure un cœur puis dans le bas du cœur le métal représente une fleur stylisée la tête en bas arabesques symétriques une chaise petite avec des accoudoirs presque un fauteuil avec des barreaux qui lient les quatre pieds qui ne sont pas droits mais évasés vers l’extérieur le dossier lui aussi est fait avec des barreaux ronds peut-être six à huit sur la chaise un enfant en costume bleu col marin short chaussettes sombres jusqu’à mi- mollet chaussures au pied. Un pied est posé au sol un autre légèrement décalé le talon décollé du parterre. L’enfant est un blondinet châtain, il a peut-être six ans. De sa main gauche il se tient le menton. Son avant-bras est posé sur la table son visage est un peu penché vers l’avant. Son regard se porte sur des feuillets qu’on aperçoit sur la table où un livre est ouvert ; il est concentré sur sa lecture. A ses pieds deux ballons rouges et verts un sous la chaise et un juste devant la table. Un autre jouet est appuyé contre le balcon sans doute un pantin, un soldat peut-être avec des jambes bleues une veste rouge il est presque tombé on devine plus qu’on ne voit sa tête et ses bras. Sur les vitres des fenêtres ouvertes se reflètent le feuillage extérieur, un volet ; Dans le reflet et par transparence on aperçoit les voilages. A l’intérieur tout est plus sombre. Le carré de lumière où est l’enfant est au centre du tableau, un tableau dans le tableau. Si n reste très longtemps face au jeune garçon, on entend les oiseaux chanter, les merles avec leurs trilles. Le vol des bourdons avec leur bruit sourd et celui des abeilles plus léger. On sent l’odeur de la glycine. Ni avion dans le ciel, ni tondeuse sur le gazon, à l’intérieur peut-être un souffle léger d’une grand-mère assoupie sur un canapé. C’est l’après-midi. O temps suspend ton vol…
G

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