vendredi 22 janvier 2010

Schumann et Chopin

Les musiciens - et surtout les pianistes - sont gâtés cette année :
2010 marque le bicentenaire de la naissance de Robert Schumann et de Frédéric Chopin, le 8 juin pour le premier et le 1er mars pour le second.















Bien que l'un vive en Allemagne et que l'autre soit exilé à Paris, ils se sont connus assez tôt à travers leur musique puis à l'occasion de deux r
encontres.

C'est en 1831 que Robert Schumann, alors critique musical, écrit dans l'Allgemeine Musikalische Zeitung du 7 décembre à propos des Variations La ci darem op. 2 de Chopin: "Hut ab, ihr Herren, ein Genie" (Chapeau bas, Messieurs, un génie !).

Un an plus tard, Chopin fait la connaissance à Paris de Clara Wieck, future épouse de Robert, et déjà réputée pour sa virtuosité pianistique. Felix Mendelssohn qui deviendra un ami commun de Schumann et Chopin est également présent ce jour-là.


Schumann reste frustré en 1835 de sa première rencontre trop brève avec Chopin à Leipzig, c'est pourquoi l'année suivante, le sachant de passage non loin de chez lui, il lui envoie une invitation en ces termes :
"Cher et honorable Monsieur, veuillez m'écrire ou me faire écrire ce simple mot "oui" si, comme je l'ai entendu dire, vous êtes réellement à Dresde. Je dois précisément y passer pour me rendre dans ma ville natale [Zwickau], et je ne me pardonnerai jamais de m'être trouvé auprès du Magnifique sans lui avoir exprimé mon admiration et mon amour. Je vous prie donc instamment de m'envoyer ce "oui" et votre adresse. Votre dévoué Robert Schumann. Mendelssohn sera de nouveau ici dans huit jours."

Ils se revoient donc le 12 septembre 1836, prenant le temps cette fois de partager leur inspiration. Schumann, encore ébloui, écrit le 14 :
"Avant-hier [...] quelqu'un entra. C'était Chopin. Grande joie ! Nous avons passé ensemble une belle journée et je l'ai fêté encore hier.[...]Chopin m'a donné une nouvelle Ballade. Elle me paraît son oeuvre la plus géniale [...]; e
t je lui dis que c'était celle que je préfèrais. Après un long silence, il s'écria avec vivacité : "Cela me fait grand plaisir, car c'est celle que je préfère aussi". Il me joua ensuite une série de pages nouvelles : des études, nocturnes, mazurkas - le tout incomparablement. On est ému, rien qu'à le voir assis au piano."

Ces rencontres magiques ont été immortalisées dans quelques chef-d'œuvres : Schumann insère dans Carnaval une pièce intitulée "Chopin" et lui dédie en 1838 ses Kreisleriana. De même on peut voir sur la première édition allemande Breitkopf & Härtel de la Ballade op. 23 en sol mineur une dédicace : "FChopin à son ami Schumann, Leipzig 1836", il lui dédiera aussi plus tard sa 2ème Ballade op. 38.


Aquarelle de Leipzig peinte par Mendelssohn (1838)

Cette année 2010 est donc l'occasion de replonger dans l'univers de ces deux génies romantiques.

La musique de Chopin est déjà inscrite dans de nombreuses programmations (concerts, festivals, expositions) et dans des enregistrements des plus grands pianistes du siècle.
La musique de Schumann semble quant à elle moins "médiatisée" notamment dans la production discographique. En espérant voir bientôt fleurir de jolis coffrets de CD, on peut néanmoins toujours patienter avec les enregistrements d'Horowitz, de Cziffra ou d'Yves Nat en prêt à la médiathèque...Mais pour l'heure et pour les concerts en France, quel pianiste a prévu de livrer la redoutable Toccata op. 7 et quelle chanteuse se prépare à nous offrir le merveilleux cycle de Lieder de l'Amour et la vie d'une femme op. 42 ?

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