"A la maison, ma mère dit qu'on a recommencé à faire des trucs bizarres. Quand c'était l'heure de dîner, elle nous a dit de porter le plat de purée de pommes de terre sur la table. Mon père était en train de lui parler à la cuisine ; elle, elle écoutait et cuisinait en même temps, alors moi j'ai emporté la purée dans la pièce où on joue et j'ai enlevé le couvercle. Avec une cuillère, j'ai envoyé un peu de purée sur le mur. Elle est restée là et on l'a regardée un moment. J'en ai envoyé une autre cuillérée au plafond et elle est restée collée là aussi. Ça faisait à chaque fois un drôle de bruit, un genre de "floc", et ça donnait une forme différente à chaque coup : comme un petit nuage une fois, et puis comme un truc pointu tourné vers le bas.C'est une des rares scènes joyeuses du beau roman autobiographique Sang impur de Hugo Hamilton, auteur irlandais né en 1953 (dans l'espace adultes, à la cote R HAM). Elle est d'autant plus étonnante qu'il nous confie là une enfance broyée par le nationalisme pur et dur d'un père irlandais, un looser de surcroît, et la germanité d'une mère pleine d'amour et d'humour, les deux expliquant le titre.
Mais... on ne choisit pas ses parents !
C'est un livre remarquable qui donne envie d'aller flâner en Irlande, et pour en finir avec les malheurs de l'enfance, j'opte pour une fin de billet sacrément triviale, si, si !
J'ignore comment les Irlandais et les Irlandaises font leur purée, pour ma part je viens de m'en faire conter une méridionale, que je dévoile discrètement, au risque de me faire mettre au ban par mes collègues normands, pour lesquels il n'y a pas de purée sans crème et encore moins sans beurre (ou le contraire)... Désormais je tenterai les pommes de terre grossièrement écrasées, arrosées d'un filet d'huile d'olive ( de qualité extra, ça va de soi), et saupoudrées de thym frais effeuillé et d'un tour de moulin à poivre, et basta !
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