mardi 30 avril 2019

Atelier écriture – 6 avril 2019






Un personnage, un lieu…



Je le regarde passer tous les matins,  il sort de la maison d'à côté,  son bonnet rouge sur la tête. Il marche lentement,  en traînant les pieds,  ses bottes sont peut être un peu trop lourdes.
Je ne comprends pas. Il y a quelques jours, sa porte était entrouverte et n'écoutant que ma curiosité  (maladive quelquefois  !)  j'ai jeté un coup d'œil à l'intérieur.  Rien !!!  Le vide total,  à part un gros tas de paille sur lequel était soigneusement pliée une couverture rose.
Il a vraiment l'air d'être là,  sans but bien précis, peut être seulement celui de vivre, ou de survivre ?
Bizarre bizarre...
Et voilà que je l'ai remarqué un jour de marché,  il était assis sur une caisse retournée. Il ne parlait à personne mais surveillait tout le monde,  l'air de rien, le regard perçant. Au bout d'un moment,  je me suis aperçue qu'il sortait de sa poche un bout de papier chiffonné, qu’il lisait et relisait à  intervalles réguliers
C'est peut être là son secret,  ces petites notes gribouillées à l'encre verte ?
Ce matin, je me lance,  je le suis,  de loin on ne sait jamais.
Il va jusqu'à la rivière, s'assied dans l'herbe à côté d'un arbre recouvert de lierre, et, une fois de plus,  compulse ses notes,  puis ferme les yeux, s'allonge et semble s'endormir.
Je m'enfuis, un peu honteuse d'espionner mon drôle de voisin,  mais je décide quand même de continuer à surveiller ses allées et venues,  parfois nocturnes, et de tout noter sur un petit carnet.
Alors,  agent secret en mission dans notre village,  envoyé spécial venu d'une autre planète ?  Le mystère s'épaissit.
Samedi 06 Avril 2019, 7h36. Je me positionne, comme tous les matins, au coin de ma fenêtre, ma tasse de café bien chaude à la main, et là.... misère,  il est lui aussi à sa fenêtre et il m'observe en souriant.


Linda

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Oui, elle aime l’odeur de la clémentine, cela lui rappelle le soleil de son pays qu’elle a du quitter. On la dit mystérieuse, secrète. Pourtant tout ce qu’elle rencontre, ce qu’elle vit l’intéresse et s’imprime profondément en elle. Même ses vielles chaussures qui l’ont conduite partout dans des chemins parfois inattendus au cours de journées dont elle rentrait parfois fourbue, heureuse de retrouver son lit pour enfin y rêver à son aise.

Quand il fait trop froid, elle se protège d’un bandeau assorti à sa chevelure mais elle préfère le souffle du vent dans ses cheveux courts. Elle aime les rencontres… elle aime retrouver les personnes qu’elle connait bien. Mais dans certaines soirées, de nouveaux visages apparaissent. Alors, elle se met un peu en retrait, observe, et essaie de les connaitre autrement que sur l’apparence jusqu’à ce qu’elle ose enfin entrer en conversation avec eux et les découvrir davantage. Il est vrai qu’elle préfère les lieux calmes, où il fait bon vivre, où elle peut se retrouver en vérité au milieu de ce et de ceux qu’elle aime. En fait, sa grande joie est, dès qu’elle rentre chez elle, d’ouvrir tout grand la fenêtre, de regarder dehors et de laisser pénétrer un peu de ce qu’elle a vécu au dehors.



Paysage désolé… pourtant la vie y persiste, secrète. Des générations de paysans ont transformé ce paysage. Montagne abrupte faite de roche et de cailloux. Montagne à chèvre où rien ne pousse sinon une herbe rare et quelques plantes basses, même pas des arbustes. Pierre à pierre, patiemment, les hommes ont formé ces terrasses, aplani le sol par petites surfaces et réussi à produire quelques cultures.

Non pas les blés orgueilleux qui grandissent dans les plaines et dont on admire la blondeur juste avant la moisson. Non, quelques céréales, orge, seigle… quelques légumes juste ce qu’il fallait pour leur subsistance, pour nourrir leur famille et les bêtes qui partageaient avec eux ce dur labeur. Et quand, à la fonte des neiges, les eaux dévalant la montagne emportaient les fragiles remparts soutenant la terre, ils recommençaient à bâtir ces murets de pierres, travail patient, endurant qui nous émerveille encore aujourd’hui.



Michèle

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Reprendre là où l'on en était resté
La route est longue, parfois tendre, parfois remplie de péripéties
Périlleuse, une pierre fait trébucher
L'élan



Retrouver quelques moments chers à notre existence
En fabriquer de nouveaux, sincères
Et suivre le fleuve de nos jours
Doux et heureux comme l'air printanier
Fleuri et embaumé de fraîches heures parfumées



L'eau silencieuse suit son cours
La mer vaste et solitaire
Ouvre ses bras, l'accueille généreusement

Des falaises abruptes, elle contemple
Les flots de l'eau, cette danse bleue


Sur des vagues roulées en boucle
Elle tournoie et se noie dans le paysage
Fabuleux de notre chère nature



Sylvie

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Chez moi c'est douillet

Je suis une vieille

Une vieille femme

Qui en a vu de toutes les couleurs

Mais les couleurs je les aime

Elles me réchauffent le cœur

Quand il est fatigué



Avec un bout de pain, guère plus

Dans mon lit où je me love

Je relis ma journée

Les visages qui m'ont marquée

Les paroles insensées

Ou les mots doux remplis d'amitié

Les rencontres sont aussi chargées en couleurs

A accueillir pour le meilleur ou pour le pire



Mais pas trop

J'ai besoin de repos

Pour penser pour rêver 

Pour gamberger

Sur mes années passées

Et ce qui me reste à cheminer

A chercher

Oh mes souliers colorés tout usés

En ont croisé

Sur les chemins souvent escarpés

Des couleurs par milliers

Dans cette nature où l'homme n'a rien inventé

Puisqu'il en est



Mais il a voulu l'apprivoiser puis la dominer

Ça c'était le projet dans lequel l'être humain s'est engouffré

Il s'est fait déborder

Au lieu de l'écouter il s'y est imposé et n'y a plus pensé



Moi, j'aime m'y plonger encore

Y trouver de nouveaux reflets de nouvelles lueurs de nouvelles couleurs

Comme dans le sourire de celui que j'ai croisé et qui m'a accrochée

Comme un arc en ciel

C'est mon miel.



Hélène

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Marianne



Marianne est très jolie. Grande, mince elle porte très bien la toilette. Il faut la voir  avec ses escarpins noirs à talons hauts. Pas tout à fait style louboutins mais elle en jette quand même. Sa longue chevelure blonde, magnifique, forme un halo autour de son visage harmonieux. Pas un seul cheveu ne dépasse. C’est pour cela qu’elle ne porte jamais de chapeau. Pour ne pas être décoiffée. Soucieuse de son régime alimentaire et de sa ligne, elle garde toujours un petit morceau de chocolat dans sa poche. Afin de prévenir une hypoglycémie  lors de ses restrictions alimentaires : vegan, sans sucre, sans graisse, j’en passe et des meilleures ! Elle pense que c’est nécessaire pour être en harmonie avec sa tête et son corps. Mais cette rigueur voire rigidité coïncide en fait avec une personnalité »un peu chiante » Par exemple, pensant que sa beauté lui donne tous les droits, elle a exigé de son mari, l’installation d’un lit à baldaquin dans cette chambre exigüe .Une princesse ne peut dormir ailleurs que dans ce lit aux rideaux tirés sur son précieux sommeil Et quand elle rentre de promenade la première chose qu’elle fait, c’est de ranger ses clefs et retirer son manteau qu’elle dépose immuablement au même endroit.

Cet appartement elle en avait assez. 80m2 sous les combles elle étouffait. Elle l’avait pourtant aime ce petit nid, qui les avait accueillis dans une union tardive elle et son compagnon .Mais dorénavant elle rêvait d’autre chose. Oui je sais cela fait un peu Bovary cette insatisfaction sur fond de dépression.

En fait très récemment elle avait retrouvé son premier amour qui lui jurait  qu’il n’avait jamais aimé qu’elle et qu’il ne l’avait pas oubliée. Dans sa vie monotone elle y croyait dur comme fer. Au détour d’une promenade, elle tombât en admiration devant une maison proche d’une tour délabrée et d’une église plus haut perchée. Ce qui la séduisit surtout c’était l’étang entouré d’arbres et couvert de mousse. On sentait que les nymphéas de Monet n’allaient pas tarder à surgir. .C’est la qu’elle voulait vivre maintenant en compagnie de son bel amour. Aucun obstacle ne viendra contrecarrer son projet. Quid du vieux compagnon me direz-vous ? Et bien il sera facile de s’en débarrasser.



 A cet âge une chute dans l’étang ne pourra qu’être fatale. Elle allait s’y employer. Qui a dit que le crime parfait n’existait pas ?



Anne-Marie

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Ce personnage  semble  être  une dame très seule, un peu maniaque (mouchoir bien plié dans sa poche) qui se complait dans une solitude bien organisée !

Elle aime la nature et les promenades et ne recherche pas les échanges avec d'autres  personnes car lorsqu'elle est au milieu d'un groupe, elle reste à l'écart, n'échange aucun mot, mais elle écoute !

Elle n'a pas l'air très coquette, d'un aspect simple (jogging, tennis, et bonnet gris), sans aucune recherche, sans falbalas et déteste attirer l'attention des autres !

Elle évolue dans la vie comme une petite tortue, calmement, lentement, et sort la tête de temps en temps parce qu'il faut bien se nourrir...

Elle se sent bien ainsi, fait de tort à personne, bien dans sa tête et dans son cœur qui ne bat que pour elle ! Elle suit le cours de sa vie en glissant presque, satisfaite de son sort, bien à l'abri dans sa carapace, complètement fermée aux autres et sourde à la misère du monde !

Je pense qu'il s'agit d'une célibataire, sans enfant, repliée sur elle même comme le mouchoir dans sa poche !



Un jour elle a photographié son "arbre fétiche" : un arbre qui semble mort au bord d'un chemin étroit et rectiligne qui mène à nulle part !

Sur cette photo on voit deux arbres l'un en face de l'autre, mais le sien c'est celui de gauche : il a le tronc bien droit, des branches sans feuilles et ressemble à un squelette ; c'est sous celui-ci qu'elle vient s'étendre et reste là des heures à contempler les nuages. Cet arbre, elle l'adore, l'entoure  de ses bras et embrasse son écorce râpeuse. On dirait qu'elle voudrait lui redonner la vie qui coule en elle ou avaler la sienne, on ne sait pas... Puis elle reprend son chemin, tout droit, sans surprise, vers sa petite vie, ni bonne, ni mauvaise ; mais c'est sa vie et elle l'aime ainsi !!



Et enfin, un jour cette vie stérile s'arrêtera, elle partira, seule, comme elle a vécu, sans faire de bruit, et on l'oubliera  comme la petite tortue en hibernation, au fond du jardin, au pied de son arbre...



Morale de cette histoire ;

La discrétion ; oui,  c'est bien !

Mais l'égoïsme et le narcissisme : NON et NON !!!!



Christiane



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Marco, il est encore beau, grands, les épaules larges, visage anguleux, yeux plissés, cheveux coupés courts en brosse. Il est élégant avec son chapeau de cuir, sa veste de lin élimée, sa tunique indienne blanche en coton, son pantalon multi-poches. D’ailleurs d’une de ses poches, il sort son couteau suisse et se nettoie les ongles en discutant accoudé au bar. Un petit sourire aux lèvres, il philosophe avec les autres clients. La patronne du bar, Lucette le hèle : « Hé Marco, pourquoi as-tu des sandales en plastique au pied » ça fait rire tout le monde car Marco revendique son lien avec la nature et ne supporte pas les produits issus du pétrole. Avec son petit accent chantant il balance à l’assemblée : « Je dormais profondément dans mon lit et quelqu’un m’a piqué mes sandales en cuir pour les remplacer par ces horreurs ». Tous les clients savent que le lit de Marco est dans son camion. Marco boit et philosophe- boit beaucoup il parle avec aisance- boit encore puis s’endort pour se réveiller à la fermeture du bar et tituber jusqu’à son véhicule garé sur la place. Lucette lui lance : « Il est gentil ton voleur, il t’a tout de même redonné des chaussures. Sont-elles à ton pied ? » et Marco continue de palabrer tout en jouant avec les clés de son camion. Où tu vas, Marco ? Qu’est-ce que tu as vécu dans ta vie pour avoir refusé de t’insérer, de t’intégrer, de faire corps avec la communauté ? As-tu été confronté à un drame dont tu ne t’es jamais remis ? Tu revendiques haut et fort ta liberté, ton sourire sur tes fines lèvres. Tu conclues la conversation en disant : « Salut la compagnie, de toute façon, je pars vers le Nord. Les Cévennes et la caillasse de Lozère, au revoir et vu la saison, je vais chausser mes chaussures en cuir, chaussettes à l’intérieur ». Marco, tel Don Quichotte fièrement sort, grimpe dans son véhicule, salue de la main l’assemblée. Le camion fume et vibre… Et c’est parti.

Pas d’autoroutes, des haltes dans des villages vides, des plaines avec au loin des tracteurs qui labourent le sol ou sèment le blé. Les kilomètres qui s’ajoutent les uns aux autres dans le bruit assourdissant du diésel. Et puis cet arrêt au bord d’un canal. L’immobilité de l’eau, les grands platanes qui perdent leurs feuilles, les troncs énormes gris et blancs gagnés par le lierre. Au loin un pont. Marco roule sa cigarette, l’allume, la fume tranquillement en laissant pénétrer en lui la fumée et le silence. Seul, il vit. Son regard s’amuse avec les lignes horizontales du canal, courbes du petit pont. Debout digne, il se laisse imprégner des odeurs de feuilles tombées, de vase- Un homme debout au bord d’un canal dans une province en France- La cigarette finie, il reprend son véhicule, le démarre, la route l’attend.



Ghislaine

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Une belle rencontre

L'an dernier, des amis m'ont invité à une soirée barbecue. Ce soir là, j'ai rencontré une personne qui m'a beaucoup marquée.
Elle s'appelait Célestine. Grande, avec de longs cheveux blonds, de grands yeux bleus énigmatiques et observateurs, elle était belle et attirait les regards. Belle, elle l'était, mais ce n'était pas que sa beauté qui attirait, c'était plus, c'était autre chose, peut être un certain mystère ou simplement sa faculté de communication et de partage... Elle était vêtue simplement avec un Jean, un tee-shirt et des baskets. Elle portait une vieille casquette délavée et élimée.
A la soirée, j'ai vu cette personne que je ne connaissais pas. Elle observait, cherchait le contact avec les gens qu'elle rencontrait. Je me suis mise à discuter avec elle. Quand elle m'a dit qu'elle dormait chez l'habitant, je l'ai invitée à dormir chez moi.
Arrivée à la maison, elle a rangé ses affaires dans la chambre. Puis, nous avons parlé. J'ai appris qu'elle avait un caillou dans sa poche, comme le petit Poucet. Elle était rayonnante et chaleureuse. On se sentait bien près d'elle. Elle expliquait son secret qui était vouloir croire que ce sera mieux demain.
Elle m'a aussi raconté son séjour en Grèce, avec ces maisons blanches sur les collines arides, le soleil généreux. Elle n'en finissait pas de parler, et moi, j'écoutais, médusée. Elle était passionnée par toutes les rencontres qu'elle avait faites. Elle parlait avec fougue de tous ces séjours en Europe. En racontant, elle en avait, parfois, les larmes aux yeux. Ses étapes en Grèce l'avaient beaucoup marquée, car ce pays était si beau. Les habitants y vivaient pauvrement, mais ils étaient tellement prêts à accueillir et à partager. Elle aimait aussi l'aventure de ne pas savoir où elle dormirait le soir.

Cette rencontre m'a bouleversée, m'a changée en ouvrant mon regard sur les gens et sur le monde.
Evelyne

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