jeudi 1 décembre 2016

Atelier d'écriture du 19 novembre 2016



Un verre et la phrase le Beaujolais nouveau est arrivé
Description : petit verre à pied. Qui semble être en cristal mais …non. Une petite ébréchure sur le pied. Pas de grande contenance. Déjà des traces de doigts quand il arrive à ma place.
Souvenir : Voilà ! On a quitté Jérusalem pour … Lisieux. Normalement on est attendues. On nous a même proposé deux maisons au choix. Nous sommes tout feu tout flamme. Nous ? Deux petites bonnes-sœurs venues fonder une nouvelle maison à Lisieux.
A Lisieux : personne ne nous attend. Nous sommes à la rue. Envolées les belles promesses. Nous trouvons quand même un refuge mais …
Alors, objectif n°1 : trouver un toit. On en parle autour de nous. On fait marcher le réseau catho de Lisieux qui est quand même pas mal grand. Et LA solution. Les sœurs de l’hôpital nous proposent une maison à Firfol. Elles y accueillent leurs familles et amis en été. Nous avons six mois devant  nous pour trouver une solution pérenne.
La maison est très belle. Vraie maison de maître normande. Entièrement meublée et aménagée avec des meubles magnifiques, héritage du temps où les religieuses devaient apporter une dot pour entrer au couvent.
Mais, nous, nous n’avons en propre, rien d’autre qu’une unique valise chacune contenant nos quelques affaires personnelles. Et une voiture quand même ! Rien à manger, rien à ranger. Et pas de revenus.
Alors, nous avons fait le tour des popotes comme on dit dans notre jargon. On a fait appel à la solidarité. Et ça a payé : 48 kg de pâtes pour … deux ! Des pâtes bon marché, des pâtes normales, des pâtes « deux œufs frais au kilo », des pâtes plates, des pâtes longues, des pâtes courtes …
J’ai classé toutes ces pâtes sur une grande étagère : les pâtes du vendredi, les pâtes des jours ordinaires, les pâtes des invités, les pâtes de fête …
Bon, c’est pas tout d’avoir des pâtes pour les mois à venir ! Encore faut-il avoir une assiette pour les manger. Donc, inspection des divers buffets et armoires du rez-de-chaussée. Et là ! des verres, des verres et encore des verres. Presque tous à pied, presque tous en cristal. Eux aussi héritage du temps des dots. Ciselés ou pas, à vin ou à eau, à liqueur ou à champagne … des verres magnifiques qui brillent à la lumière du soleil.
J’ai classé tous ces verres : les verres du vendredi, les verres des jours ordinaires, les verres pour les invités, les verres de fête.
Et j’ai même repéré un service de verres qui feront de très beaux « verres pour l’évêque » !!!
Le deuxième
Exercice

Bienvenue chez moi
En Pays d’Auge.
Avancez, avancez,
Un en-cas vous attend.
Je vous propose ensuite,
Originalement, une visite
Lexovienne
Approfondie.
Installez-vous confortablement
Sur un des sièges du petit train.

Nous traversons le parking
Ouvert toute la journée,
Utile à savoir,
Vers la basilique
Elevée sur la colline
Avec les dons des paroissiens
Unis dans ce projet.

Ensuite, en route vers les Buissonnets
Situés sur la hauteur de Rocques où
Thérèse a passé son enfance.

Après ce détour,
Retour en centre-ville.
Régalade avec le scofa des carmélites.
Initiation à la vie de Sainte Thérèse et
Visite de la Cathédrale.
Enfin, retour à la gare !
L

1 objet :    verre à pied
                 de verre composé
                 dépoli
                 ébréché
                 côtelé
                 épais
                 bien stable sur son pied travaillé
Ouvrir la porte grinçante
De l'armoire normande
Où repose la vaisselle du dimanche
Etre rassurée par sa présence

Au milieu des verres en cristal

Ou en verre plus banal
Ceux à porto
Ceux à champagne
Ceux à vin
Ceux à liqueur
Plus ou moins assortis

Sortir juste celui-là
Comme tant et tant de fois
Quand tu étais encore là
Mais on ne trinquera pas

L'emporter avec moi
Dans mon buffet en formica
Si loin de là
Mais si proche à la fois
Encore plus il usera
Jusqu'au dernier fracas.

L'automne bat son plein
Que je l'aime ce refrain
Les noisettes sont dans le panier
Les mûres ont fait des confitures
Les noix dans la salade nous régalent

Les châtaignes grillées crépitent dans la cheminée

Les chanterelles pointent le bout de leur nez

Le beaujolais nouveau est arrivé

Le vert nous a, en partie, quittés
Place à la chaleur des couleurs
Rouge orangé  jaune  brun mordoré

Allons-y gaiement
Profitons-en
Elles réchauffent nos cœurs
Et pas seulement.

H.
 Le verre.
Transparence floutée par l'usage répété, pied court et perlé. Sa lourdeur en main confirme son aspect trapu mais cache sa fragilité, révélée par un éclat sur le pied: destiné à une table commune et non des grands jours qui appellent le cristal!
Sa facture ancienne m'a fait visualiser un tableau d'Edgar Degas, intitulé "l'absinthe" où le verre coiffé de la cuillère finement découpée supporte un sucre sur lequel s'écoule le liquide verdâtre.
La scène se passe dans un café, l'homme assis contemple le verre, le regard vide, épaules basses, costume sombre: Quel deuil veut-il noyer dans cette flaque émeraude?

"le beaujolais nouveau vient d'arriver"
Printemps, été, hiver, automne.
De la lumineuse chaleur estivale aux festives lumières de Noël, les jours s'enfoncent vers les ténèbres hivernales, troublées par les éclats de jaunes, rouges et ocres des feuilles automnales...
Ce si long mois de novembre qui appelle décembre... et puis un avant-goût des "Fêtes", réveil festif: " le beaujolais nouveau est arrivé" Le slogan s'affiche partout, prétexte à retrouvailles, chaleur humaine en contrepoint à la froidure extérieure. Rendez-vous lumineux... patience Noël est proche!
D

Coucou coucou, ça y est, il est l'heure de manger
Non pas le grand diner ou bien le déjeuner
Mais une collation avec du bon saucisson
Non je ne t'oublie pas, toi qu'on a déposé là
Tu n'es peut être ce verre à pied, mais un verre sans pied
Qu'on remplit de bon souvenir, sans forcément le finir

Oyé oyé le beaujolais est arrivé
Maman qu'est-ce que c'est ?
C'est une boisson à déguster
Ah c'est comme du lait !
Mmm pas tout à fait. Le beaujolais est destiné aux personnes les plus âgées.
Je ne peux pas y gouter
Non tu peux juste l'admirer
Mais maman pourquoi crier de son arrivée ? il né comme un bébé ?
Chaque année, le beaujolais rené dans son champ agrémenté, il est attendu par ses ainés.
M
Tristesse un verre … seul. Aussi joli soit-il. Image incongrue. Objet de partage par excellence, il se multiplie à l'infini. Pas de bon moment sans verre à la main. Symbole de bonne humeur et de discussions infinies. Légèreté de l'être, fin de soirée, promesse de lendemains qui chantent.
Seul on le vide sans y penser. Tentative pour chasser une idée plus ou moins noire. Sans succès. Lourdeur du pas et de la tête. Lendemain empesé et mélancolique
C

L’évidence saute aux yeux. C’est un piège à guêpe. Quand elle est prise, en général, elle chante, plus souvent elle vouzounne. Elle est nerveuse, agitée et même contrariée. Il est inutile de s’imaginer à sa place, ce n’est pas vraisemblable. Enfants, malfaisants à plein temps mais sur une petite échelle, nous la posions : l’échelle ; attrapions de quoi pour attraper la guêpe vivante sur la vitre. Les gobelets opaques ne convenaient pas, seuls les verres valorisaient le plaisir de la chasse. Il fallait un équilibre de fiabilité entre les carreaux et le verre, le coup sec et cependant moelleux. Eviter le cristal de la grand-mère, coup d’œil, velléité le petit animal piégé se faisait du souci et ronflait comme une abeille qu’elle était. Souvenir d’enfance.
B

Verre à apéritif ou à vin. Forme ancienne. Un peu ébréché au pied. Il y en avait surement beaucoup dans les maisons autrefois.
J’ai déménagé. Cela m’est arrivé souvent mais comme je n’accumule pas, cette fois-ci beaucoup de choses m’ont été données…et parmi toutes les choses reçues il y a cinq grands verres ballons à eau peut-être remis par ma sœur. Elle les a trouvés au fond d’un placard, bien enveloppés dans une boite dans la maison de mes parents. Ni elle ni moi ne les avions vus auparavant. Nous ne soupçonnions même pas leur existence. A qui ont-ils apartenus auparavant ? Comment sont-ils arrivés là ? Viennent-ils de chez mes grands-parents…ou d’ailleurs ? Mystère ! Aujourd’hui, ils sont alignés sur l’étagère de mon placard à vaisselle, je ne m’en sers jamais, mais ils sont là, témoins de vies que je ne connais rien. Parfois je les regarde et me plais à rêver à ce qu’a pu être la vie de ceux qui les ont utilisés. S’imaginent-ils, ces gens inconnus, que leurs verres, par delà les générations, sont entre mes mains. Et après… qu’en ferais-je ?
Beaujolais… beau : racé, élégant, fin, sûr de lui peut-être… Jo ? comme l’annonce de joie ou de joli. Belle couleur bonne odeur et si l’on goûtait ? Lait…laid ? Ah non, je ne comprends plus, peut-être beau et laid à la fois ? Simple affaire d’appréciation et si on peut mettre de l’eau dans son vin on ne peut y mettre du lait. Beurk ! Pourtant le Beaujolais nouveau est arrivé. Alors buvons !
M

Verre sur pied, bien sur son piédestal rond,
Sculpté à souhait, clinquant à souhait,
Dans les moindres espaces de ta corolle
Tu t’ouvres au ciel comme un calice
Tu n’es pas si lisse que cela
Tu t’offres avec ta corolle à la lumière
Je te tends vers les cieux
Même si je n’en crois pas mes yeux
Je pense au vin divin que tu contiens
Un vin couleur sang, sang que tu me donnais à boire
Un ecclésiastique qui saluait ton clinquant de cristal, de mon enfance à mon état d’adulte.
Enfant buvant dans cette coup jusqu’à adulte buvant le breuvage de Bacchus, je subodorais tes odeurs, ton parfum, à travers tes éclats de cristal.

Viré Clissé, Macon, Fleury, Juliénas, Moulin à vent, Beaune, un peu plus haut, vous êtes tous des copains dans mon verre tulipe que je bois sur le zinc d’un bistrot où la patronne maquillée comme une geisha veut bien me servir à boire. Hé dis donc, lui dis-je. Pas de faux-col, s’il te pait. Oui comme pour un malade me dit-elle. Hé faut que cela se fête, le Beaujolais est arrivé !! Tiens ma cousine arrive, alors un verre de plus, après avoir bu le vin divin, bois donc du Beaujolais ; si tu bois du Beaujolais, tu meurs. Si tu n’en bois pas, tu meurs quand même. Alors bois du Bon Beaujolais. C’est à boire, c’est à boire, c’est à boire qu’il nous faut o o o o, non de non !!
M  

Sac en papier serré. Petit verre esseulé biseauté pied un peu cassé.
Petit verre de mon beau-père dans le buffet normand rangé- du café rue Battant à Besançon, chat sur le radiateur, patronne à la Arletty, rouge à lèvres façon geisha- des foires à tout dépareillés par deux ou trois rarement par six- de l’apéro à la Francis James avec les mouches qui vrombissent passage éclair dans la fraiche cuisine où le porto est servi accompagné d’un boudoir. Trinquons à la vie, au temps qui passe, au lave-vaisselle qui massacre la transparence. Trinquons au retour du torchon ? Que non mais trinquons.

Le Beaujolais dans les années 70 était un vin léger, peu alcoolisé qu’il fallait parfois sucrer. Il se buvait jeune. Il ne se prêtait pas à la conservation. Aux vendanges, soupe et petit salé le matin pour démarrer.
La planète se réchauffe et le Beaujolais monte en degré, inutile de le chaptaliser il aspire à être catalogué comme ses voisins, les bourguignons.
Mais en automne quand il est nouveau, il redevient le vin populaire. Quand le Beaujolais nouveau arrive, c’est la liesse toute la nuit, ça trinque, ça boit, ça regarde la couleur, ça hume les odeurs…
G





C’est un petit verre à pied, un verre d’autrefois ! On croirait du cristal mais non, il n’a pas la même texture. Il vient peut-être des grands-parents ! Je l’ai trouvé au grenier, dans une armoire mystérieuse ! Quand j’étais enfants, pas le droit d’y toucher, il fallait le garder pour toujours ! il était précieux ! on revoit les fêtes d’autrefois, la famille qui se réunit autour d’un verre. Combien de lèvres l’ont touché et combien de mains l’ont pris ? Il pourrait nous raconter des histoires. Il faut être prudent et ne pas le casser ! Mais est-ce si important, un verre ancien ? Un jour, je l’ai cassé sans faire attention et j’ai eu l’impression de ne plus avoir de passé et de dire au revoir à mes racines.

 
Qui est arrivé ce matin ? Un petit nouveau !
Il vient d’où ce petit nouveau ? Du Beaujolais !
On pourrait faire une fête pour l’accueillir et lever nos verres pour la fête, mais il n’y a qu’un verre ! Cela va être difficile et pourtant : C’est un grand jour !
Car « Un Beaujolais nouveau est arrivé »
On fera passer le verre ! Mais pour trinquer prenons des verres sans pied se sera plus simple.
Décidément, ce matin on aura bu toute la matinée ! D’ailleurs je ne sais plus si j’écris ou si je bois ?
 J


 

 D N S M D B




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