mardi 24 mai 2016

Atelier d’écriture du 21 mai 2016


Décrire une vieille photo, puis écrire une histoire // personnages de la photo
Deux clowns bras dessous, bras dessus
Maquillés d’un sourire moustachu
Et affublés de drôles de bouts de tissu
Nous regardent d’un air malicieux
Prêts à nous rendre joyeux
Avec un numéro des plus prodigieux

Sur la piste ensablée
Chacun rentre par un côté
Leurs mains ne cessent de s’agiter

Ils saluent grands et petits
Puis se regardent un peu surpris
Ils se rapprochent avec minutie

Et s’arrêtent net
Dans une synchronisation parfaite
Les deux mains sur la tête

Comme un reflet imaginaire
Les gestes des deux compères
Se ressemblent et jamais ne s’interfèrent

Les rires rythment leurs jeux
La musique augmente un peu
Viens le temps des adieux

Sous les applaudissements
Ils saluent gaiement
Et quittent la piste en courant.


Texte à partir de vieilles photos apportées par Annie : faire parler les personnages



« Qu’est-ce qu’il m’énerve celui-là !
Il faut toujours qu’il soit au milieu
Avec cette position
Et son air orgueilleux !
Je préfère Jérémy
Il est plus marrant
Surtout dans ces habits !
Tu parles d’un accoutrement !
C’est au moins la 10ème photo
Je commence à avoir des crampes
A tenir ce tréteau

Les yeux éblouis par les lampes…
J’ai trop envie de rigoler
De retirer ce chiffon du cou
Avec Jérémy, sortir jouer
Pour faire les 400 coups ! »
B




Description : les couleurs sont vives. L’enfant porte une jolie robe à fleurs vertes, rouges, jaunes.la brousse qu’on devine en arrière-plan est bien verte. ça doit être la saison des pluies. L’enfant est tressée de frais. Son immense sourire éclaire davantage la photo qui a dû être prise par un adulte dominant l’enfant.
Souvenir : le petit paquet est arrivé quelques jours plus tôt. Bien scotché avec une belle écriture. Dedans des babioles sans intérêt. « Des cochonneries ! » aurait dit ma mère. C’est une dame âgée qui envoie trois ou quatre fois par an un colis pour « les pauvres enfants africains ». En général, rien ne peut servir. Mais là, au milieu des petits riens, une jolie robe toute neuve. Elle est tellement « chic ». Et les couleurs vives et gaies seront bien seyantes sur une peau noire.
Que faire de cette robe ? Elle irait surement parfaitement à Marie, ma fille. Mais ce colis a été envoyé pour « les pauvres enfants africains ». Et depuis qu’elle est avec moi, Marie n’est plus une pauvre enfant africaine. Même si sa vie est bien plus difficile que beaucoup des enfants qui viennent au dispensaire.
Dilemme. Mauvaise conscience. Envie. Aïe, aïe,aïe …
Et, chouette, chouette, chouette, Bernadette passe par là. Bernadette, c’est une maman qui m’aide au dispensaire. Elle voit la robe. La prend délicatement dans ses mains. La porte jusqu’à hauteur de ses yeux. Un petit sifflement. Et la sentence tombe : « elle est pour Marie »
Ouf !
Effectivement elle lui va comme un gant. On prendra la photo pour l’envoyer à la donatrice. Marie est tellement fière, tellement heureuse de cette robe qu’elle considère comme une robe de princesse. Elle est lumineuse sur la photo. De cette lumière que je garde précieusement dans mon cœur. Je n’ai plus d’autre photo d’elle.

Une photo présente 3 garçons d’une dizaine d’années. Tous les trois habillés de façon identique.
-Vivement ce soir que tout ce cirque se termine ! Dire que j’étais pressé de faire ma communion ! Si j’avais su. La galère ! Et maintenant, il faut faire cette photo. Ne pas bouger, avec ces fausses fleurs qui me grattouillent les mollets. Et ce photographe de malheur qui m’oblige à m’appuyer sur l’épaule de mon cousin André. Il est tellement nul celui-là. Vivement ce soir !
-Mon col me gêne. En plus j’ai l’impression d’être une fille avec ce nœud autour du cou ! Mais bon ! Je vais tenir le coup. Pour les cadeaux. Et Bonne-Maman me donnera sûrement un sou. J’ai demandé à garder mon livre de prières. Ca fait plus sérieux. C’est pas comme Jules. Il est encore trop gamin pour penser à tout ça.
-J’ai eu de la chance. Comme je suis le plus âgé, j’ai pu exiger de m’assoir. C’est long, chez le photographe ! Et puis, ça vous pose un homme d’être assis. J’ai pris la même pose que papa sur sa dernière photo. Par contre, Antonin a refusé de mettre sa main gauche sur mon bras. Dès qu’on sort, je lui flanque une trempe. Communion ou pas, c’est moi l’ainé. Alors, respect. 
L

Photo d'un écolier en blouse grise, assis dans un décor de photographe (tableau de paysage et paravent).

Pause,
Sous le préau
La guerre des boutons, on la reprend après
Le temps d'un sourire
Qui n'est pas le rire
Avec les copains
Un œil fier et serein
Et l'autre qui interroge
Qui ne se sent pas si bien
On ne s'est même pas fait beau
Juste enlevé le béret
Les genoux et les mains ont déjà vécu une longue journée
Pas tant à étudier
Ce n'est pas l'intérêt
Mais à chahuter
Sur les temps de récré
A jouer
A chamailler
A s'inventer des mondes décalés
Qui aident à supporter
Quand il faudra rentrer
Quatre kilomètres à pied
Et le boulot après
Pour aider
Dans les prés
Jusqu'à la nuit tombée
Mais demain sera bien
Quand on retrouve les copains 
Seul face à l'objectif
Seul à la maison
Avec les parents bougons
Mais fier de sa vraie vie
Avec sa bande d'amis
De complices
Ou d'ennemis 
On pose un peu
Mais si peu
Avant de reprendre les jeux.

 Photo de 3 garçons, en pause en studio. (Faire parler les personnages, les faire raconter)

Moi, c'est ADRIEN
Je suis l'aîné
Et toc, le privilège d'être assis !
EUGENE, à ma droite,
Mielleux, fait celui que ça ne gêne pas d'être debout,
Et pourtant, il n'a pas été sympa avec moi
Mais Mère était là, derrière
Quant à ALBERT
Mon petit frère
Je l'aime bien
Il m'aime bien
On est bons copains
Mais que sera demain ?

H
 Photos souvenirs
Ce n’est pas la première fois que je la vois, cette photo ! Ils sont quatre, qui posent… Les parents debout, bien droits mi- rieurs mi- sérieux, il faut avoir l’air digne… un jeune garçon, 8 ans peut-être, et la fille un peu plus âgée, elle sourit coquette apparemment heureuse de poser pour la photo. Lui, au contraire, obligé mais pas ravi d’être là…
Qui sont-ils ? Pourquoi cette photo est-elle dans la grande boite des souvenirs de famille ? Les jupes ne sont pas trop longues donc cela ne date pas d’avant la guerre de 14-18. Pourtant, les costumes ont un petit air vieillot, suranné et je n’en ai jamais vu de semblables sur les autres photos de la boite. Ce sont peut-être de lointains cousins venus rendre visite aux parents de la capitale ? Ou des amis de passage ?  Ou de simples rencontres ? Mais si c’était cela ils auraient posé devant quelques monuments… Mais non, c’est une photo de chez le photographe, bien posée avec l’éclairage nécessaire, celui dont on disposait à cette époque. Cela m’intrigue mais personne dans la famille ne peut répondre à nos interrogations. Tant pis, je garde pour moi toutes nos suppositions. Mais oui, j’y pense ! Ce sont peut-être de lointains cousins de la Sarthe dont mon père parlait quelque fois. Mais là, le fil est rompu et le mystère s’épaissit encore !
M
C’est Gustave et Edwige, posant pour moi. En ce temps-là, le passage devant le photographe, était un moment épique, où le naturel dans la vie quotidienne se reflétait au travers d’une photo. Le selfie n’existait pas encore. Eh oui, je les vois bien, avant la photographie, remontant ce sentier de gravier craquelant sous le pas du mulet remontant des labours fumant encore de ces bonnes odeurs de terre fraichement remuée. Ce petit sentier dont les abords sont couverts de ronces est toujours le théâtre de l’éradication de ces ronciers avec l’apparition soudaine de ces chardons, ennemis canon de l’agriculture intensive. Eh oui en ce temps, la débroussailleuse n’existait pas. Mais Gustave, ancien ouvrier agricole existait bien et avait épousé en juste noce Edwige, femme d’une famille aristocratique. Eh oui, pour elle, ce fut dur, dur, changement de lieu de vie, changement de milieu. Eh oui, ce jour-là, Alphonse les attendait avec impatience, avec ces deux petits ratiers dont il ne savait plus quoi faire. Fallait-il les abandonner ou pas ? Eh oui en ce temps-là la SPA n’existait pas.
M
Ils sont paisibles, l’instant l’est. La vache y pense aussi. Au lait. Non, elle n’y pense pas. La famille non plus. Elle attend. Pas la vache. Pas le train dans la campagne. Elle ne s’en souvient pas. La famille non plus. Les chiens peut-être. C’était dans un temps défini.
B
Les sables, c’est le nom de la ferme. Pas de plage mais une belle profondeur de terre, une terre souple, douce, composée de silice, prospère, des vaches, des pommiers, du travail. Mais le dimanche, les hommes allaient à la chasse. Arthur avait fait l’acquisition de deux petits braques, les photos étaient rares à l’époque, seulement justifiées lors des communions, des mariages, mais il aimait tellement ces deux chiens qu’il avait souhaité qu’on le photographie à l’arrière de la maison. Il emmenait ces deux chiens partout. Il fallait qu’il s’habitue à lui. Ils dormaient au pied de son lit. Ils avaient commis quelques méfaits, dépenaillés ses espadrilles, mais ils s’étaient faits rabroués durement. Et le dimanche, ils suivaient comme ils pouvaient Arthur  dans les bosquets. Ils avaient l’instinct, ils se précipitaient joyeusement vers l’entrée des terriers de lapins qui étaient légions dans la terre sableuse. Comment imaginer que tout va s’arrêter Arthur a été réquisitionné. Il est mort emporté par un éclat d’obus. Des sables, il ne reste rien. Toute cette partie de la Normandie a été pilonnée avant l’arrivée des alliés. La terre est toujours aussi bonne mais lorsque la charrue passe, elle remet à jour des bouts de métaux éclatés. Les deux chiens, que sont-ils devenus dans cet enfer de feu ? Sont-ils morts calcinés ou ont-ils retrouvés un maitre attentionné qui ressemblait à Arthur ?
G





C’est une vieille photo en noir et blanc avec une bordure crénelée.
Un couple a été immortalisé. Derrière eux, on distingue de jeunes arbres.
50 ans ? Elle croche son bras, allongé le long du corps.
Sourires timides, ils posent.
Habillés de vêtements simples et d’époque.
Elle : robe en dessous du genou, manches légèrement retroussées.
Lui : large pantalon et veste longue.

Le fils est rentré à la maison, en permission.
C’est le printemps, le ciel est clair.
Il est revenu avec un appareil photo, alors on en profite.
On va poser, debout  devant le verger. Clic. Clac !
C’est dimanche, on arrête le quotidien le temps d’un moment ensemble ; lui et elle bras dessus bras dessous, une vie de travail, une vie à deux, une vie rythmée par le jour, la nuit, les saisons. Le temps qui passe à regarder les arbres grandir, à cueillir les premières pommes. Deux fois par jour traire la vache et vendre le lait aux voisins, accueillir les veaux, leur trouver un nom, les accompagner au champ.
Lui aide au potager et travaille aux champs avec les voisins, à s’entraider. Elle a aussi des poules, un couple de canards, des lapins à nourrir.
L’été elle fait des conserves et un peu de confitures pour l’hiver. Elle fait son pain aussi chaque semaine.
Quand le fils vient, c’est un jour de bonheur. On est fiers. On l’écoute raconter sa vie depuis qu’il est parti. C’est un bon gars qu’a bon cœur.
C




 
E AM J C D


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