Ils ont 15 et 16 ans, sont collégiens ou lycéens. Ils ont rencontré Tanguy Viel, jeune écrivain, à la médiathèque de Lisieux le 2 avril dernier dans le cadre du projet Passerelle. Eux c'est Converse aux pieds, jean slim. Lui, c'est chemise blanche, pull ras-du-coup, classique atemporel.
L’auteur écrit aux éditions de Minuit, couverture blanche « le blanc, le beige, le crème sont garants de qualité en France » même si on sent que ces tons n'attirent pas spontanément le lecteur adolescent, plus habitué aux couvertures illustrées à la mode anglo-saxonne.
Dans le cadre du projet, les élèves ont lu Insoupçonnable, troisième roman de l'auteur paru en 200X
Tanguy Viel a des références littéraires de quelqu’un qui pourrait avoir 60 ans et plus, il a nommé Balzac, Shakespeare, Dostoïevski, Flaubert, Proust, Hitchcock. Toutes ses références pouvaient impressionner les adolescents présents, mais l’auteur écoute aussi Franz Ferdinand, MGMT… D’ailleurs écoute-t-on de la musique quand on écrit ? Deux ados en sortant de l’auditorium s’interrogeaient.
L’auteur a passé son bac, s’est inscrit en fac pour s’éloigner de sa famille. IL n'allait pas en cours. Rebelle Tanguy Viel ? Non. Il n'a pas de revendication.
Il a toujours voulu écrire. Ou plutôt, il a toujours voulu devenir écrivain. L'ambition d'être écrivain a même précédé son besoin d'écrire. C'est un auteur sans fard ni compromis. Combien d’élèves présents ont été touchés par ce témoignage ? Peut-on se projeter écrivain à 16 ans ? Et à 18 ans ? C’est audacieux. C’est un engagement fort.
Mais Tanguy Viel n’écrit pas de textes engagés. Il laisse le monde aller. D’ailleurs il interroge les élèves présents et parle de son expérience « Vous n’êtes pas tout à fait à l’âge, où on se dit qu’on s’est fait avoir, mais ça ne va pas tarder ». Il est bavard mais point trop, a de l'humour, juste ce qu'il faut. La conversation est riche et animée.
L’auteur a besoin pour démarrer une histoire de se retrouver dans une âme d’enfant, un peu de naïveté et beaucoup de solitude. Ses personnages se font souvent avoir, il n'aime pas les héros. C'est sa façon à lui de rendre proches ses personnages.
Au lycée, les dissertations se font avec des plans, Tanguy Viel n’en fait jamais. Pour lui, les plans ça sert à remplir des cases : sans intérêt. Il préfère monter et démonter le texte qu’il travaille à l'intuition, à l’oreille, comme une petite musique qui le guide de l'intérieur.
Chacun, pense-t-il, a dans sa tête une conversation en continue. Pour lui écrire permet de se dégager un peu de cette pression permanente. Quand nous lisons, peut-être, cherchons-nous des écrits qui ressemblent à nos conversations intérieures ?
Il faut savoir ne rien faire, s’ennuyer est indispensable à la création.
Tanguy Viel lit, regarde la mer, écoute de la musique, va au cinéma; le cinéma est très influent sur son oeuvre. Ses livres sont courts (2h environ à la lecture), presque la durée d’un film. Il travaille deux à quatre années sur un roman.
Ce qu’il aime plus que tout quand il écrit (« est-ce de l'extase ? » lui demande un lycéen), c’est charger un objet de tout ce qui va faire basculer le texte (un panama par exemple dans Insoupçonnable).
A un de ces jours !
Quelques photos de cette manifestation
Les élèves font une lecture des textes de Tanguy Viel
Un public attentif
L'auteur en pleine explication !
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