Pour clore notre exposition du mois sur les photographies des Bâtiments du pays d'Auge, voici le texte d'un de nos lecteurs, Monsieur Bernard Tutot - un amoureux de la langue française comme de la terre -, qui a vécu cette exposition "de l'intérieur" :
La plainte du passant n'est que pacotille. Tu peux bien me fixer de ton oeil de verre : ton bel angle, le soleil, n'allègent en rien mon destin. Il n'est pas de beaux restes abîmés par le temps.
Dans ce long délaissement, tu peux bien me prêter des contemplations et des endormissements, tu ne me rendras point cet amour que j'avais de la vie, de la nature et des hommes ; mon quotidien est l'abandon, l'indifférence mon lot, je suis la ruine et le sanglot.
Mais toi qui m'as paré d'un dernier ruban comme couronne mortuaire, je te le dis, lors du dernier effacement, jamais personne n'arrachera mon empreinte de pierre. Je suis de mon sol, mes fondations sont racines profondes. Je suis la terre, l'herbe et les quatre saisons." (B.Tutot)
"Scellé sur mes ancres de granit, j'étais fait d'argile, de silex et de chêne. J'étais le bâtiment de la ferme, j'abritais le travail de mes gens. J'étais la charrette et la carriole, l'écurie, l'étable et le fenil ; parfois, derrière ma lucarne, le refuge du vagabond égaré et parfois, dans le parfum du foin, le secret des amours éphémères.
C'était hier, il y a bien longtemps. Mes murs sont crevasses, affublés de parements sacrilèges, mon colombage est squelette disjoint, ma porte charretière bat au vent. J'étais le bâtiment dans le champ. Je retourne d'où je viens, je retourne à la terre.
C'était hier, il y a bien longtemps. Mes murs sont crevasses, affublés de parements sacrilèges, mon colombage est squelette disjoint, ma porte charretière bat au vent. J'étais le bâtiment dans le champ. Je retourne d'où je viens, je retourne à la terre.
La plainte du passant n'est que pacotille. Tu peux bien me fixer de ton oeil de verre : ton bel angle, le soleil, n'allègent en rien mon destin. Il n'est pas de beaux restes abîmés par le temps.
Dans ce long délaissement, tu peux bien me prêter des contemplations et des endormissements, tu ne me rendras point cet amour que j'avais de la vie, de la nature et des hommes ; mon quotidien est l'abandon, l'indifférence mon lot, je suis la ruine et le sanglot.
Mais toi qui m'as paré d'un dernier ruban comme couronne mortuaire, je te le dis, lors du dernier effacement, jamais personne n'arrachera mon empreinte de pierre. Je suis de mon sol, mes fondations sont racines profondes. Je suis la terre, l'herbe et les quatre saisons." (B.Tutot)
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