vendredi 22 décembre 2023

Atelier d'écriture du 9 décembre 2023

Pour ce dernier atelier de l'année, Anne-Lise a fait appel à notre odorat : une goutte d'huile essentielle sur le poignet, nous étions prêts à écrire. Peut-être arriverez-vous à retrouver ce parfum, à la lecture des textes...

Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d'année, et vous dis à l'année prochaine pour de nouveaux ateliers à la médiathèque de Lisieux !



Sophie S.


« Doux Parfum »

 

Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…

Me voilà partie vers un bain de douceur, un bain d’été, un bain de soleil.

Il me pique les yeux et attise mes narines comme autant de petits de moments de plaisir qui m’ancrent à la vie et à ses moments suspendus auxquels je sais me raccrocher quand, dehors, le soleil brille moins fort ou bien même que les nuages ou le brouillard viennent à le faire disparaître totalement.


Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…

Me voilà partie dans ce tumulte d’énergie qu’il me procure à son approche. Une douce énergie, une énergie d’un foyer sécurisant et réconfortant dans lequel il me plaît de me réfugier quand, dehors, l’énergie me plombe. Il m’accueille dans cette atmosphère récemment diffusée et me met en joie de bouger si je l’accompagne d’une douce musique dynamisante.


Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…

Me voilà réconciliée, alignée, mes sens en éveil remerciant ces instants si précieux que la vie sait m’offrir et que je sais saisir pour pouvoir m’épanouir.



Sophie T.


D’abord ça surprend.
On ne sentait rien ou plutôt on sentait du vide.
Une absence d’odeur.
Ou plutôt une odeur tellement habituelle qu’on ne la sent même plus.
Et d’un coup, tout change.
Une odeur forte, presque trop forte, emplit le nez.
Mais c’est tellement bref. On croit avoir rêvé, cette sensation d’avoir vécu quelque chose mais sans se rappeler quoi.
Alors on y revient. Une autre grande inspiration.
Plus longue, plus intellectuelle, chercher une réponse à un « c’est quoi ? »
Une troisième inspiration. On y est presque.
On sent que ça pique, comme une acidité.
Une fragrance connue, familière presque nostalgique.
Et la sensation reste là, même quand les nouvelles inspirations n’entraînent plus cette fragrance au fond du nez.
On l’a dans la tête, on l’a dans le cœur.
On lutte pour la garder, mais c’est déjà trop tard.
L’odeur est partie mais elle nous a laissé
Un grand sourire aux lèvres et la sérénité.



Kristell


« Brume d’agrume »


Je cherche. Je ne te trouve pas.
Qui es-tu ? Rappelle-toi à moi !
Je sais que pour m’endormir tu es là
Tu apaises mes maux et donnes à mes rêves l’éclat

Chaque matin tu vitamines mon cœur
En cake d’amour je goûte ta saveur
Tu pétilles et piques par ta senteur
Dans la cuisine, chasse la mauvaise odeur

Je te cherche parfois haut dans le ciel
Dans une tarte, je te trouve, tel un grand soleil
Avec du saumon mes papilles s’émerveillent
Je te presse, et tu coules en de multiples perles

Mon nez est bien troublé
Peut-être es-tu citron ?
Ou bien doux pamplemousse ?
Agrume tu me plais
Et me fais sentir bon

Ma journée sera douce
Merci pour ton coup de pouce !

 

 

Maïlys


Hiver. Tout doux, dans les chaumières. Les oranges pressées du dimanche matin. L’odeur de cannelle qui s’échappe des tasses et du four.

Tout doux, le dernier chocolat du calendrier de l’avent. Réveil à 11h. Les paquets colorés attendent sous le sapin. Le chat s’étire dans un coin.

La ville frétille de milliers de petites mains d’enfants, déballant leurs cadeaux impatiemment.

Tout doux, c’est l’anniversaire de mamie aujourd’hui. La famille est réunie.


Hiver. Enrhumée. Un mouchoir de climarome pas loin du nez. On savoure, lorsqu’il se débouche, ce mélange de lavande et de je ne sais quoi.

Enrhumée, dans le plaid enroulée. L’odeur de l’hiver, dans la maison, se mêle à celle, dehors, du feu de cheminée des voisins.

Petit à petit tombent les aiguilles du sapin. Il va être temps de l’enlever. Dire au revoir à ses notes de forêt. Des grands espaces qui s’invitent chez nous.

A l’année prochaine, hiver tout doux.



Stéphanie

 

Je n’ai pas beaucoup d’odorat et il peut m’arriver de me juger pour ça, je me dis que je me prive de quelque chose, que je ne suis pas en contact, mais avec quoi, que c’est le plus ancien des sens, le plus primitif, le plus animal, et que je suis trop dans le mental, la bête noire des ashrams.

Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas beaucoup d’odorat. Est-ce que le fait que j’ai tant fumé pendant tant d’années en est responsable ? Est-ce que savoir le pourquoi de ça a le moindre intérêt ? Il y a peut-être des causes psychologiques et presque aussi anciennes que moi ?

Je ne sais pas forcément reconnaître les odeurs, mais je sais celles qui me plaisent ou me déplaisent. Il y a des parfums que je déteste. L’odeur que j’ai sur le poignet est délicieuse et citronnée.

Mes odeurs préférées sont celles du riz qui cuit, de l’herbe fraichement coupée, de l’Eau Sauvage de Christian Dior que sentait mon père quand j’étais petite et que par miracle sa belle-mère a offert à Patrice à Noël l’an dernier si bien qu’il a senti l’Eau Sauvage de Christian Dior les derniers mois de sa vie et de notre vie commune. J’aime aussi beaucoup d’autres odeurs de végétaux, par exemple le céleri, de plantes aromatiques, ou de trucs qui mijotent.

Quand je travaillais dans le social, comme on dit, je n’étais pas gênée par les odeurs des gens dont je m’occupais alors que d’autres disaient que tel ou tel sentait mauvais et même, à un moment je travaillais avec des personnes très désocialisées et j’ai un jour emmené un junkie qui avait de surcroit des problèmes psychiatriques majeurs, à une projection un dimanche matin, au cinéma Le Bastille, je crois que c’était le film Les Chtis, dans une salle pleine de SDF et c’était un moment magnifique. J’ai juste mis mon écharpe un peu sur mon nez parce que quand même, mais j’ai été très heureuse de vivre ça et je crois que personne d’autre, au taf, n’aurait pu le faire.

Quand j’ai fait des stages dans des services hospitaliers où les gens se sevraient de l’alcool ou des drogues, un des ateliers chouchous des équipes (avec l’atelier d’écriture) consistait à « piffer » des odeurs de synthèses assez médiocres.

Je disais souvent, quand je vivais à Paris, que n’avoir pas beaucoup d’odorat était un avantage adaptatif. Mais maintenant, je vis à quelques kms de Lisieux, dans la campagne, et quand il m’arrive de courir le matin, je suis gênée à la moindre bagnole qui passe. Depuis 23 ans que je ne fume plus, peut-être que mon odorat s’est amélioré ?

 

 

Hélène

 

"Frais
Poivré
Citronné
Mais trop
Trop fort, entêtant, écœurant
Trop
Trop
Trop
Besoin de douceur
De délicatesse
De subtilité
À chercher
À trouver
Trop
Trop
Trop
L'éloigner pour ne plus être envahie
J'essaie mais la repousse
Envie de choisir
L'odeur de la pluie
D'une rose
De la peau aimée
Du foin fraîchement coupé
Celle-là, elle ne me dit rien de bien
Elle m'agresse
En ce matin chagrin
Pas de voyage
Pas de...
Pas de...
Un pas de deux
Un tourbillon
Et partir vers d'autres horizons. "

jeudi 14 décembre 2023

Atelier d'écriture du 18 novembre 2023

A l'occasion du festival des Boréales, un atelier d'écriture spécial autour de l'Islande, pour notre plus grand plaisir !


Céline


Un jour en Islande…

« Je volcan ? »

Je vole maintenant.

Je vois les arborescences de la vitre se dessiner sous l’encre de la pluie. 

A cet instant, elle m’écrit le prologue d’un nouveau voyage. Mon corps se tasse sous la couverture et délivre mon esprit vagabond, pour partir à l’invitation de l’imaginaire.

La matière, autour de moi, les meubles, les murs, les pierres, ma chair, mes vertèbres, deviennent presque insoupçonnables jusqu’à se dématérialiser.

Les réalités se troublent et mes yeux ignorent les conditions moléculaires comme les lois de la physique, dans lesquelles j’étais encore enferrée il y a peu.

La rigidité et la férule d’être se ruent progressivement à un état métaphysique, sans apesanteur.

L’Islande ? Mes pensées font « éruption » face aux silhouettes flammées qui prennent et cherchent forme parmi les volcans.

Je ne ressens plus les morsures du froid, je ne vis plus les frémissements de mon corps évanescent.

Je deviens aérienne, éthérée, juste une conscience qui vole, plane.

Je m’élève telles que ces volutes de fumées qui suivent la danse du feu des magmas qui s’éveillent.

Je rêve ou bien c’est l’Islande qui vient me confier ses rêves tout de flammes vêtus, et de lave limé d’or rougeoyant.

Tout autour, sa beauté s’agite de bruissements et de houles, d’ondoiements et de plissures dans un vent panoramique. L’Islande me parle de ses forêts qui tremblent devant les volcans empereurs. La terre révèle sa puissance aux milles braises qui défient celles du soleil.

La dualité se perpétue entre le sel et le ciel, avec une joute tout feu, tout flamme.

L’Islande est un silence menaçant, mais aussi cette voix céleste, celle des glaciers qui touchent l’azur en pourléchant de ses flammes l’horizon ému qui rougit.

L’Islande, ses miroirs qui se reflètent de ses lacs colorés de braises…

La vitrine aux volcans qui reste à briller toute l’année.

Terrien, on a des bleus à l’âme et cette envolée m’a mis du rouge aux lèvres et le feu au cœur. 

Les glaciers veulent rendre la glace avec la Terre en colère. Le ciel rubescent n’a qu’une couleur pour y répondre ;

Il y a splendeur et aiguilles sous roche.

L’Islande, de sa nature si volcanique, se « lave », de tout soupçon. Des laves bien courroucées, qui reprennent vite le flambeau.

Mes yeux frôlent l’embrasement des paysages, sans se brûler. Ces derniers bavent sur tout et tout le temps… le temps des tisons.

Commence alors ce voyage chaleureux où chaque étape est mêlée de ris et lumières.



Maïlys

 

C’est la première fois qu’elle remettait les pieds en Islande depuis son enfance. La sortie de l’aéroport créa en elle un magma d’émotions, qui la réchauffa face au froid mordant. Elle était de retour, après des années à rêver de sa maison.

Dans l’avion déjà, elle avait collé son nez au hublot pour voir les paysages bluffants défiler. Les coulées de lave qui couvraient la terre d’une épaisse couverture noire, les plaines vertes qui les succédaient, les glaciers blancs au-dessus, bleu électrique en dedans. Un pays aux milles couleurs, à l’image des maisons qui embellissaient les rues de Reykjavik.

Elle était de nouveau chez elle. Elle retrouvait les odeurs, les chemins, les chants d’oiseau de son enfance. La route qu’elle avait prise, quinze ans plus tôt avec ses parents, pour quitter ce pays qu’elle aimait tant. Elle la reprenait enfin dans l’autre sens.

Elle arriva devant la maison. Sa maison. Sa maison bleu glacier